La créativité et l’intelligence collective au service d’un management plus humain

 

Mots clefs :

Management, créativité, innovation, cohésion d’équipe.

 

 

Comment, dans des situations complexes, comme une réorganisation,  une gestion de crise, un problème de management ou de cohésion ai sein d’une structure, les équipes pourraient être elles-mêmes source de solutions et motrice dans leur mise en œuvre ?

Face à des problématiques de plus en plus complexes, où un management classique, peut trouver ses limites, il est possible d’animer les équipes en organisant des séances de créativité.  Ces ateliers sont des réflexions collectives dont l’avantage est à la fois, en permettant de sortir du cadre habituel, d’ouvrir les équipes à de nouvelles approches et solutions mais aussi sont source d’amélioration en termes de cohésion d’équipe, écoute et dynamique.

 

Une première méthode : le brainstorming.

Alex Osborn, publicitaire new-yorkais, conceptualisa cette méthode en 1938. Dans le cadre de son activité, qui requérait déjà des séances de réflexion collective, Alex Osborn remarqua que la majeure partie du temps mobilisé servait à critiquer les idées générées… au lieu d’en trouver de nouvelles. Il eut donc l’idée d’organiser ces séances en différenciant clairement 2 étapes : tout d’abord, la génération d’idées en elle-même, sans jugement de celles-ci, et où tout jugement est prohibé, puis seulement ensuite leur évaluation, donc leur critique. Durant cette première phase, Osborn invitait chacun à appliquer des règles précises, notamment l’interdiction de critiquer les idées, chercher à en générer le plus possible et développer celles des autres.

Nous voyons ici le premier intérêt de ces méthodes : l’application du rebond. En s’inspirant d’une idée, le groupe va en générer de nouvelles. Au final le choix des solutions sera plus vaste : c’est la force de l’intelligence collective. Cette particularité sera le socle de toutes les futures méthodes et processus.

Cependant, Osborn préconise certains conseils qui révèlent les faiblesses du brainstorming : pour une mise en œuvre aisée, il recommande de constituer un groupe homogène : même âge, qualifications, revenus, compétences et responsabilités. Une situation correspondant peu à la réalité du terrain.

Ces  méthodes ont donc évolué pour gagner en efficacité. En effet, ce métier est fortement ancré sur la psychologie et la programmation neurolinguistique ou PNL : contribuer à une séance de créativité peut concrètement s’avérer complexe. Le participant va souvent émettre des idées préconçues qui vont freiner sa réflexion, voir totalement le bloquer : la peur d’une prise de parole en public, d’être jugé, du ridicule,  du changement, de l’échec, mais aussi le poids de l’éducation ou de sa culture, notamment d’entreprise, sont autant de croyances limitantes qu’il est nécessaire de lever si l’on veut voir la séance porter ses fruits.

Des nouvelles méthodes gommant les freins du brainstorming

Le brainwriting propose au groupe de s’exprimer en écrivant une idée par post-it et de positionner ceux-ci sur une feuille blanche. Après cette première phase, l’animateur échange les feuilles entre participants et invitent ceux-ci à s’inspirer des idées qu’ils ont devant eux pour en découvrir de nouvelles. Les post-it sont ensuite lus à voix haute par l’animateur, puis classés par thématique. Cette méthode permet de mettre en valeur 100 % des participants de façon équitable. Une personne timide aura donc la même place qu’une autre. Les post-it étant mélangés, le brainwriting diminue la peur d’être jugé et de prendre la parole en public.

Le storyboard, quant à lui, introduit un nouveau moyen d’expression : le dessin.  Chacun s’exprime par une représentation imagée de son idée qu’il présente oralement. Le storyboard met donc en œuvre un moyen d’expression enrichi, une représentation en 2D, qui inclue des métaphores. Les solutions sont ainsi plus riches et développées.

Des techniques d’animation focalisées sur la répartition des rôles des participants

La Stratégie Walt Disney est un serious game permettant de développer ses capacités créatives qui a été conceptualisée par Robert Dilts, le co-fondateur de la PNL et du coaching, qui a travaillé sur les modes de pensées de génies tels que Mozart, Aristote… et Walt Disney. L’objectif de Dilts : synthétiser une démarche intellectuelle caractéristique à chacun d’eux. Walt Disney était reconnu pour sa créativité, sa capacité à rendre réel un rêve mais aussi  pour explorer un sujet via des points de vue différents et complémentaires.

Dilts a donc dégagé une démarche créative autour de 3 postures complémentaires, qui seront réparties entre les participants :

  1. Le rêveur : qui apporte créativité, une réflexion hors du cadre et un aspect visionnaire, a pour rôle de générer un maximum d’idées nouvelles.
  2. Le réaliste : pragmatique, il recherche à mettre en œuvre concrètement les idées.
  3. Le critique : qui, par sa prise de recul, soumet chacune des idées à une analyse, afin de faire ressortir freins et barrières et trouver des solutions à ceux-ci.

Enfin, l’animateur intervient avec une 4e posture : celle de facilitateur, guidant le groupe dans la construction de sa solution.

Avec la méthode des 6 chapeaux, Edouard de Bono a proposé une réflexion avec 6 postures, chacune symbolisée par un chapeau d’une couleur différente… et symbolique :

  • Le chapeau blanc est gage de neutralité. Le participant endossant celui-ci a pour mission de clarifier d’une façon neutre la problématique, en diffusant au groupe des informations factuelles.
  • Le chapeau vert est source de créativité. Son porteur cherche à trouver des idées radicalement nouvelles, en sortant du cadre.
  • Le chapeau jaune symbolise rêve et optimisme. Il a pour tâche de rechercher à concrétiser les idées générées. Il est focalisée sur une question : comment rendre concret notre idée.
  • Le chapeau rouge est synonyme d’émotion et de passion. Son rôle sera de rapporter, par rapport aux idées générées, des informations empreintes de sentiments et de ses intuitions.
  • Le chapeau noir symbolise quant à lui la critique négative : son porteur a donc pour rôle de décerner les barrières et difficultés, qui feront obstacle à la mise en œuvre du projet. La tentation de  critiquer une idée, présente bien souvent par peur de l’échec, tout comme l’avait remarqué en son temps Osborn, est ainsi canalisée pour lister tous les critères à maîtriser et trouver des solutions pour lever chacun des obstacles. De nombreuses méthodes s’inspirent ainsi des 6 chapeaux, en érigeant ce mode de pensée : au lieu de s’enfermer dans un état d’esprit négatif et d’abandonner l’idée, ce trait de caractère sert à lister les obstacles, puis pour chacun d’eux, à animer un brainstorming afin de trouver un panel de solutions. Cette approche constitue aussi un élément clef de la PNL, sous la forme du recadrage positif.
  • Le chapeau bleu, enfin, est porté par l’animateur : étant en position de recul, il a pour tâche d’animer la réflexion et les échanges entre ces 5 premiers chapeaux.

Sortir du cadre

La pensée latérale, elle aussi conceptualisée par Édouard de Bono, est un ensemble de techniques  permettant d’explorer des possibilités variées et diverses, au lieu d’une approche logique qui offrirait des solutions convenues et au final identiques à l’état de l’art actuel. La pensée latérale permet donc de générer des concepts en rupture avec l’existant, vraiment nouveaux. Elle a pour objectif de formuler les perceptions d’une problématique, puis bousculer ces perceptions par des « provocations » et « sauts discontinus » pour diverger.

Ces outils d’animation se sont aussi diversifiés sous l’angle d’une spécialisation : résolution de problème, planification… Un atelier est aujourd’hui structuré autour de plusieurs méthodes : mise en dynamique, clarification, génération d’idées, sélection et développement, toutes choisies en fonction des conditions et objectifs.

L’arrivée de la 3D

Enfin, la méthode Lego© Serious Play© se distingue en intégrant en une boite à outils, bon nombre de théories, techniques, issus en plus de la créativité de la PNL, de la neurologie et des sciences de l’éducation, formant ainsi un véritable couteau suisse. L’expression par le dessin est ici remplacée par une représentation en briques Légo©, en 3 dimensions, donc fortement enrichie en métaphores. Elle améliore l’implication des participants qui construiront en mobilisant leur inconscient et leurs émotions. L’avantage de cette méthode est de renforcer la réflexion collective : après un préalable autour de constructions individuelles, ce qui correspond ici à la même approche, hormis la 3D, qu’une séance de créativité classique, les participants sont amenés à choisir ce qui est à leurs yeux le plus important dans leur construction, pour ensuite négocier, fusionner le meilleur de leur idée, pour obtenir une solution collective, enrichie, distillant ainsi les idées de tous. Par cette approche innovante, il n’y a plus d’abandon d’un grand nombre d’idées pour le choix d’une seule. On parle alors d’une solution commune et partagée par l’ensemble du groupe. Cette approche est donc fortement motivante : chacun se sent concerné par la solution construite… et sera d’autant motivé pour la mettre en œuvre. Ce nouveau projet peut ensuite être planifié collectivement par cette même méthode, où chacun va négocier ses responsabilités, missions et s’engager sur leur mise en œuvre.

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Un exemple d’application de Lego© Serious Play© : un ensemble d’acteurs public a réfléchi à l’amélioration des dispositifs d’insertion de jeunes, en qualifiant et quantifiant les acteurs, réseaux, dans un paysage et clarifiant ainsi l’écosystème autours du jeune. Une réflexion a ensuite permis une réorganisation des procédures, relations de travail afin d’augmenter l’efficacité, au bénéfice du retour à l’emploi du jeune.

 

Que peuvent attendre les équipes de ces méthodes ?

Au niveau du management d’un projet, ces méthodes ancrées dans le concret permettent la découverte de solutions auxquelles les parties prenantes n’avaient pas pensé, permettant ainsi le déblocage d’une situation de problème. Le groupe s’ouvre à plus de solutions et qui seront  plus opérationnelles et rapidement applicables.

Au niveau de la cohésion des équipes, une implication de l’ensemble des membres, où chacun sera co-créateur de solutions va générer de l’émotion. Chacun, en co-construisant va s’approprier la solution  et y mettre du cœur. Au contraire d’une décision imposée et qui pourrait parfois apparaître trop théorique, les équipes deviennent motrices dans la mise en œuvre, assurant d’autant le succès du changement. De plus, les séances de créativité favorisent l’échange, et donc en préalable l’écoute et une meilleure compréhension de chaque partie-prenante, de ses missions, objectifs et valeurs. Développant échanges, négociation et discussion, elles favorisent l’engagement. En conséquence, le succès du projet, surtout si celui-ci implique comme c’est souvent le cas une transformation de l’organisation et des procédures, va être grandement amélioré.

 

Une mise en œuvre sous 2 angles

Nous pouvons dégager deux facettes à l’animation d’un atelier. Premièrement, le rôle du facilitateur, qui requiert un savoir-faire et une posture spécifique, a pour mission de faire respecter les règles préconisées afin de faciliter cette réflexion collective. D’autre part, le choix et l’assemblage des méthodes, à façon, sont cruciaux pour s’adapter au mieux aux conditions et finalités. Le terme brainstorming usité dans notre société est donc devenu générique. Pour le grand public, il désigne tout atelier collectif et créatif. Au-delà du brainstorming, c’est aujourd’hui une vaste gamme de méthodologies qui sont à disposition pour un management humain, à l’écoute et respectueux de chacun, et enfin où l’exploration des champs des possibles est au cœur de la réflexion.

 

Pour aller plus loin

Stratéginove, en partenariat avec Ressources in Situ, centre de formation en coaching organise des sessions de formation dédiées à un management innovant par la créativité et à destination de managers au sein d’administrations et hôpitaux.